Mousquetaire

Jeudi, 18. mars 2010 17:20 | Auteur:C&L

Reprendre « les trois mousquetaires », plus de vingt ans après, période alors riche en lecture d’œuvre de Philippe Djian, amène à regretter que d’Artagnan ne se laisse pas aller de temps en temps.  Entre deux prises de bec, qu’il se pose un moment pour  allumer une cigarette pour sentir la lumière faiblir, regarder s’étaler les nuages au dessus de Paris. C’est espérer qu’installer dans une calèche à côté de Milady, il laissera aller sa main sous ses jupes, sur ses cuisses nues pour atteindre et estimer la qualité du tissus de ses dessous et s’imprégner de son odeur corporelle.

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Stalactite

Lundi, 15. mars 2010 17:23 | Auteur:C&L

Le stalactite a le goût

de nous fait croire qu’il fond,

alors que l’air de rien

il s’allonge.

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Un jour rêvé pour les bruants brumeux

Mardi, 9. mars 2010 14:11 | Auteur:C&L

C’est bientôt son tour, il n’a jamais été à l’aise. C’est presque rien ces engins, un cadre d’aluminium simplement retenus par un câble au-dessus du vide sans compter qu’il faut les prendre en marche, le tout les skis aux pieds, sans compter qu’on l’aborde, qu’on l’apostrophe, au moment ou il faut s’avancer vers la zone de départ. Un type en combinaison rouge, un moniteur avec derrière lui une ribambelle de mômes avec casques et dossards. Voudrait-il bien prendre la petite avec lui ? Il faudra l’aider à monter et à descendre aussi, merci monsieur.

La saisir sous le bras, la soulever et l’aider à s’assoir. Cela prend moins d’une seconde et il est lui aussi installé. Le fauteuil termine le virage et aborde la ligne droite tout en montée. Il baisse la barre de protection en faisant attention à ne pas coincer un bout de combinaison, il respire. Un peu. Les nuages se sont accrochés à la montagne, la visibilité ne laisse rien deviner sur ce que l’on pourrait rencontrer sur le parcours, le télé-siège est une invention de malade.

Il se tourne un peu vers elle, avec ce menton allongé on pourrait croire à un garçon mais sur son casque, comme sur chaque ski, on peut lire « Lucile ».

« Le capitaine et moi-même sommes heureux de vous accueillir à bord de notre vaisseau intersidéral »

Elle répond d’un rire léger, en adéquation avec le blanc et la brume qui les entoure de partout.

C’est un brouillard de plus en plus épais, on devine le fauteuil devant eux qui se balance mieux qu’on ne le voit, il plonge son regard sur la piste en bas, qui reste visible, qui est un repère stable.

« Ah, ça me gratte encore !

Il abandonne la contemplation de la neige et lentement pivote vers elle.

-          Ce sont tes lunettes qui te dérangent ?

-          Non, c’est les boutons. J’en ai plein, j’en ai quatorze.

-          Quatorze boutons !

-          Ma mère les a comptés.

-          Tu es malade alors ?

-          Bah, non, pas pendant les vacances.

Son rire est cristallin, elle semble de bonne humeur et ne bouge pas tout azimuts, pas autant qu’on pourrait le craindre.

-          Ma tête aussi me gratte, tu sais pourquoi ?

-          J’espère que c’est seulement ton casque qui…

-          Non, non, c’est les poux j’en ai plein.

-          Eh bien ! Ne parle pas trop fort, si le capitaine entend cela, il voudra te jeter par-dessus bord.

Elle s’esclaffe, pendant un court moment il a cru lui avoir fait peur.

Elle se penche vers la piste, à quoi bon regarder droit devant alors qu’une purée de pois froide et grise arrête tout regard. Dans la neige ils aperçoivent des traces et elle lui demande qui à marché là. Il se moque un peu d’elle car elle a dit « crace » mais elle ne se vexe pas, elle insiste, c’est quoi qui fait des craces comme ça dans la neige ?

-          Ce sont des traces de bruants brumeux, des oiseaux extraordinaires.

-          Ils sont comment ?

-          Alors ça, je ne peux pas te le dire, personne ne sait à quoi ils ressemblent, personne ne les ai jamais vu.

-          Même pas toi ?

-          Non, personne, ils ne sortent que par temps de brouillard, si bien qu’on ne les voit jamais.

Elle continue de laisser son regard suivre la pente alors qu’il se surprend à imaginer le moment où elle va retrouver sa mère.

Il oublie de lui dire de s’avancer un peu sur le siège à l’arrivée, mais elle se débrouille plutôt bien. Leurs skis touchent la neige au même moment et il la tient par le bras, sans trop savoir pourquoi, alors qu’ils glissent vers l’aire d’arrivée. On y voit un peu mieux, il lui indique le groupe d’enfant qui porte les mêmes dossards, il lui sourit, lui fait des grands gestes et crie : « Au revoir Lucile ! »

Il dérape et s’arrête, il apprécie d’être debout sur quelque chose de ferme. Il enfile les dragonnes des battons autour de ses poignets, il prend son temps, rien ne presse, on peut respirer un peu. Lorsqu’il veut repartir, il se heurte à une petite fille qui le fixe en souriant.

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Flocon

Lundi, 8. mars 2010 17:38 | Auteur:C&L

– Serais-tu sur le point de me refaire le coup de la plus petite tempête de neige du monde ?

Elle repousse une mèche que le vent vient de ramener devant ses yeux. Elle sourit mais garde la photo.

Il n’y avait tout simplement pas pensé. C’est vrai que c’est une ficelle dont il a largement tiré profit au cours des années. Maintenant il se renfrogne, à quoi avait il bien pu penser en prenant ce cliché, où avait il la tête ?

Le froid semble maintenant tomber sur ses épaules, il regrette son manteau en poil de chameau qu’il a déposé chez le teinturier une semaine plus tôt alors que les crocus sortait de terre, que chacun voyait le printemps sur le pas de sa porte. Là non plus, il n’avait pas fait preuve de perspicacité, il cherche quelque chose à dire, il réfléchi, évalue les possibilités, parler de la puissance des ces petites merveilles d’appareils photo capables de capter les éléments les plus petits juste en appuyant sur un bouton, jouer sur la démonstration.

- Te souviens-tu de l’école primaire, lorsque l’on nous certifié qu’ils avaient six branches bien structurés alors qu’ils nous semblaient comme du coton arraché à la va vite des nuages avant d’être balancé dans le ciel ? C’est tout de même incroyable non ?

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numéro 21

Jeudi, 25. février 2010 15:08 | Auteur:C&L

Cet alignement des arbres en pépinière ne fait pas très naturel. On est loin de l’anarchie de la forêt avec les ronces qui vous griffent les doigts.

Mais lorsque l’on passe en vélo sur les bords de ces champs d’arbres, à une vitesse suffisante, la succession des allées qui défilent donne cette impression de passer plusieurs fois devant le même décor. Une sensation de pédaler dans le vide, d’immobilisme, ou de course vers nul part, qui caractérise les univers les plus effrayants.

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stalaktos

Lundi, 22. février 2010 9:10 | Auteur:C&L

Ce matin un gnome venu du fond des ages a trouvé un diptère coincé dans ces gouttes d’eau gelées.

Il s’est étonné et s’est dit qu’un dessert glacé était toujours le bienvenu.

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Fumeur

Jeudi, 18. février 2010 17:35 | Auteur:C&L

J’ai toujours admiré les fumeurs de cigarettes roulées pour leur calme.

Ce matin, je crois que j’ai voyagé avec le champion du monde de la catégorie. Juste en face de moi assis sur un strapontin d’une rame de métro, j’étais bien placé et j’ai eu droit à la démonstration d’un roulage de cigarette sous le signe de la tranquillité.

J’en ai profité, il n’est pas tous les jours donné de voir cela. Les gestes étaient lents et précis, des gestes qui permettent à la mémoire de faire son travail d’archivage et de stockage.

Si vous voulez savoir, il faut garder d’une main, avec trois doigts,  le papier à cigarette ouvert pour recueillir les tas de tabac récupérées par l’autre main dans le paquet. Il faut ensuite étaler le tabac sur toute la longueur du papier en séparant les brins les uns des autres. Transformer les plus gros tas en filet de tabac, patiemment. L’ensemble doit être homogène.

Mais c’est pendant le roulage qu’il ne faut rien perdre des yeux. Cela commence tout doucement pour que le brun se tasse au fond du papier blanc en gardant les doigts bien au bord de la feuille. Sans vraiment rouler. Par a coups. Puis les allers et venu entre les doigts se font plus ample et c’est le coup de langue précis sur le bord de la feuille qui dépasse encore qui achève de donner la forme à la cigarette.

Ensuite il faut retirer le tabac qui dépasse de chaque bout, et le laisser tomber dans le paquet laissé justement ouvert sur les genoux.

Celui qui laisse le paquet ouvert, je veux dire, qu’il ne l’a pas directement rangé après avoir pris son tabac nécessaire, celui là, possède déjà un peu de pratique, il a de l’expérience. Par contre il ne peut prétendre au titre de champion du monde.

Le champion du monde, se distingue au moment de mettre la cigarette à la bouche, car, ce moment, correspond invariablement, à l’ouverture des portes du métro sur la station qu’il cherchaient à atteindre. C’est juste le moment où il n’y a plus rien à faire pour créer sa cigarette et qu’il ne reste plus qu’à sortir pour se la fumer.

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Terre bleue

Vendredi, 12. février 2010 14:31 | Auteur:C&L

En février, surtout quand il fait beau et que le ciel est limpide, j’ai toujours vu les arbres comme des racines plantées dans une terre bleue.

L’inconvénient avec ce genre de pensée c’est qu’on a la tendance inconsciente de pencher la tête sur la droite, tout prés de l’épaule. Ça bouleverse considérablement, pour le reste de la journée, le sens du monde.

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Différentes saisons

Dimanche, 11. octobre 2009 13:50 | Auteur:C&L

Cet arbre n’arrive pas à savoir quelle saison se profile.

Il a ouvertement décidé de faire un patchwork de toutes les couleurs.

De s’orner de verts tendres et fragiles, de marrons croquants et ambrés.

Tout bonnement.

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garde-fou

Lundi, 27. juillet 2009 14:13 | Auteur:C&L

 Cette rambarde de bois me fait penser à un vieux marin.

A une peau tannée, vieillie prématurément, sous le soleil et l’eau salée.

Je l’imagine longuement caressée par la main d’un vieux marin. Le regard fixé sur cette mer qu’il vient de quitter, la main posée doucement, presque tendrement sur ce garde corps. 

Vieux bout de bois.

Patriarche déchu semblable à une attache entre deux mondes.

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