boutons

Au jardin public, à l’ombre sur le banc blanc, ma robe s’est ouverte pendant que je lisais.

Je ne m’en suis pas aperçu tout de suite.

distraite.

Immédiatement j’ai pensé à toi.

Comme si l’air et mes mouvements qui avaient décrochés ces boutons t’avaient appartenus. Tu ouvrais ma robe comme avant, sans que je m’en rende compte.

Je l’ai rajustée avec une pensée pour toi à chaque boutonnage.

Les boutons rentraient dans leur emplacement comme des gouttes qui perlent, et ma robe bougeait, changeait de forme sous l’apparition des gouttes.

Elle pleurait, elle s’égouttait, elle perlait des larmes isolées et solides,

elle écoulait, laissait s’évaporer de l’eau venue de je ne sais où, de moi peut être, des profondeurs de cette robe.

J’étais si attentive à ces perles,  à ces larmes, à ces gouttes de  robe,

que je ne pensais plus vraiment à toi, je ne pleurais pas,

c’était juste cette robe.